Dossier TD1 (EG:5-6)
Exercice 1
Supposez que vous ayez la responsabilité d’un parking en centre-ville qui ne coûte presque rien en fonctionnement. La demande (inverse) pour accès au parking est donnée par :
1) Combien de personnes seraient prêtes à se garer sur ce parking s’il n’était pas payant ?
2. Représentez graphiquement la courbe de demande d’accès au parking.
3. Quelle est la perte de surplus du consommateur associé à un tarif 5€ pour ce parking ?
On commence par déterminer la quantité demandée lorsque le prix est de 5 euros.
Pour rappel, le surplus des consommateurs () correspond à l’aire comprise entre la courbe de demande et la ligne du prix. Le graphique ci-dessous décompose les différentes aires se situant sous la courbe de demande. Le surplus initial des consommateurs lorsque l’accès au parking est gratuit correspond aux aires . Le surplus des consommateurs lorsque le prix d’accès au parking passe à 5 euros correspond à l’aire .
Comme souvent en mathématiques, il y a plusieurs façons de parvenir au même résultat :
En constatant que l’aire perdue forme un trapézoide d’aire , il nous suffit de calculer l’aire de ce dernier : où et correspondent aux côtés parallèles et à la distance entre les deux côtés ( ici). Soit la longueur du côté allant de à et la longueur du côté allant de à . Nous avons alors :
On peut également calculer le surplus du consommateur initial lorsque l’accès au parking est gratuit, correspondant aux aires et soustraire le surplus du consommateur lorsque l’accès au parking est fixé à 5 euros. Ce dernier correspond à l’aire du triangle jaune (). Dans ce cas, on peut utiliser la formule donnant l’aire d’un triangle où correspond à la base du triangle et à sa hauteur. On obtient ainsi :
On peut également utiliser la force brute en mesurant les aires à partir des intégrales, qui permettent de déterminer l’aire sous une courbe. L’intégrale de la fonction inverse de demande calculée entre et nous donne l’aire . L’intégrale de la fonction inverse de demande calculée entre et nous donne quant à elle l’aire . Pour obtenir l’aire uniquement, nous devons soustraire l’aire du résultat obtenu. L’aire est celle d’un rectangle, avec , où correspond à la largeur du rectangle et à sa longueur. Nous obtenons donc : , c’est-à-dire l’aire correspondant à la perte de surplus des consommateurs.
Pour votre culture mathématique, l’aire sous la courbe représentant évaluée sur l’intervalle : peut être déterminée par l’intégrale ci-dessous :
où correspond à la fonction primitive de . Ici, nous avons :
qui admet pour primitive :
,
où est une constante.
Vous pouvez vérifier que nous avons bien :
.
En remplaçant par pour adapter la formule ci-dessus à notre situation, nous pouvons déterminer le surplus des consommateurs lorsque l’accès au parking est gratuit ( euros) et le nombre de places occupées est de :
euros
Toujours à l’aide des intégrales, il est possible de déterminer directement l’aire correspondant à la perte de surplus, sans passer par la soustraction de l’aire B. Pour se faire, voyons ce qui se passe lorsque l’on inverse les axes du graphique.
Représentée ainsi, la courbe de demande a pour équation . Le surplus des consommateurs lorsque l’accès au parking est gratuit correspond aux aires . Le surplus des consommateurs lorsque le prix passe à P = 5 correspond à l’aire . On constate donc que la perte du surplus des consommateurs correspond à l’aire . Cette dernière correspond à l’intégrale de la fonction de demande évaluée entre euros et euros.
La primitive de l’équation de demande est :
, où est une contante.
On peut s’en assurer en calculant la dérivée de la primitive puisqu’on obtient alors :
.
Mathématiquement, nous avons donc :
euros.
Les différentes méthodes aboutissent toutes au même résultat. Le surplus du consommateur passe de € lorsque € à € lorsque €, soit une perte de surplus de €.
4. Le directeur du parking envisage de faire passer le droit de passage à 7€. Pour ce prix plus élevé, combien de personnes seront prêtes à utiliser ce parking ? Est-ce que le chiffre d’affaires augmente ou diminue par rapport à un prix de 5€ ? Qu’est-ce que votre réponse vous dit à propos de l’élasticité de la demande ?
On dit que la demande est élastique par rapport au prix lorsque la valeur absolue de l’élasticité-prix est supérieure à 1. En d’autres termes, lorsque la valeur absolue de l’élasticité est supérieure à 1 (.
Utilisons SageMath pour étudier l’élasticité-prix de notre courbe de demande dans le détail :
Pour rappel, la valeur absolue de l’élasticité-prix de la demande augmente lorsque l’on remonte le long de la courbe de demande (i.e. lorsque l’on augmente le prix). A contrario, elle diminue lorsque l’on descend le long de la courbe de demande. Nous venons de le voir plus haut en faisant passer le prix de 5 euros à 7 euros.
Étudions maintenant l’élasticité-prix de la demande aux extrémités de la courbe de demande, c’est-à-dire lorsque et lorsque .
Exercice 2
Didier à la fonction d’utilité suivante :
Où est sa consommation de morceaux de musique avec un prix de 2€ et sa consommation de films vidéos, avec un prix de location de 4€. Il décide de dépenser € entre ces deux divertissements. Déterminez le nombre de morceaux de musique et de films loués qui maximiseront l’utilité de Didier.
Comme expliqué en cours, il y a trois façons de parvenir au résultat demandé :
On peut utiliser le Lagrangien,
On peut utiliser le raccourci
On peut procéder par substitution d’une des deux variables au sein de la fonction d’utilité à partir de la contrainte budgétaire.
Ci-dessous, nous couvrirons les trois cas de figure.
Résolution à l’aide du Lagrangien.
Les étapes sont les suivantes :
On rédige le Lagrangien ou bien
On calcule les trois conditions de premier ordre : , ,
On réarrange les conditions de premier ordre de telle manière à obtenir les équations de demande de et . Puisque nous disposons déjà des valeurs de , et , cela nous donnera directement les valeurs numériques de et maximisant l’utilité de Didier.
Il ne nous reste plus qu’à insérer et dans la fonction d’utilité de Didier pour obtenir le niveau d’utilité associé.
Résolution à l’aide du raccourci .
Les étapes sont les suivantes :
Calculez le Taux Marginal de Transformation (), c’est à dire la pente de la contrainte budgétaire. Cela correspond au négatif du ratio des prix des biens :
Calculez leTaux Marginal de Substitution (), c’est-à-dire le négatif du ratio des utilités marginales : .
Déterminez la relation liant les quantités des deux biens consommés lorsque . Exprimez un bien en fonction de l’autre.
Substituez l’expression trouvée dans l’étape précédente dans votre contrainte budgétaire. Déterminer ensuite la valeur de la variable de l’équation qui en résulte.
Insérez cette valeur dans l’expression obtenue à l’étape 3 pour déterminer la valeur de l’autre variable.
Il ne vous reste plus qu’à insérer les valeurs obtenues dans la fonction d’utilité pour obtenir le niveau d’utilité correspondant.
Quelques éléments supplémentaires pour éclairer les mécanismes sous-jacents.
Nous venons de voir en appliquant la formule que tant que Didier consomme pour chaque consommé, il maximisera son utilité pour un budget donné.
Par exemple, la meilleure façon pour lui de dépenser euros consiste à acheter unité et unités. La meilleure façon pour lui de dépenser euros consiste à acheter unités et unités, etc.
L’équation nous indique la trajectoire de consommation optimale étant donné ses préférences personnelles et le prix relatif des biens consommés. Pour vous aider à bien comprendre pourquoi, il est utile de représenter des courbes d’indifférences associées à d’autres niveaux d’utilité que celui qui maximise l’utilité de Didier étant donné le budget duquel il dispose ( euros).
Par ailleurs, deux droites sont parallèles lorsqu’elles partagent la même pente mais ont des ordonnées à l’origine différentes.
Ainsi, toutes les droites de type où sont parallèles à la contrainte budgétaire qui a pour équation .
Nous pouvons voir dans le graphique ci-dessous que les droites parallèles à notre contrainte budgétaire (i.e. de pente ) passant par les points auxquels les courbes d’indifférence croisent la droite sont tangentes à ces courbes d’indifférence auxdits points.
Cela ne devrait pas nous surprendre car la pente de la tangente à un point donné est égale à la dérivée de la courbe à ce point. Or, la dérivée d’une courbe d’indifférence à un point donné correspond tout simplement au à ce point.
Résolution par subsitution
Les étapes sont les suivantes :
Isoler un des deux biens consommés à partir de la contrainte budgétaire.
Remplacer l’expression obtenue dans l’étape précédente au sein de la fonction d’utilité.
Calculer la condition de premier ordre de la fonction d’utilité remaniée qui ne contient désormais plus qu’une seule inconnue.
À partir de l’expression obtenue à l’étape précédente, déterminer la valeur numérique du bien à partir duquel nous avons calculé la condition de premier ordre.
Insérer cette valeur dans l’équation budgétaire de l’étape 1 pour déterminer la valeur numérique de l’autre bien consommé.
Insérer les valeurs des biens consommés dans la fonction d’utilité pour trouver le niveau d’utilité optimal.
Nous pouvons voir graphiquement ci-dessous que la fonction d’utilité au sein de laquelle nous avons intégré la contrainte budgétaire, faisant disparaître au passage, atteint son apex au point . Le niveau d’utilité associé est de .
On peut aisément prouver que la solution est la même lorsque l’on isole dans la contrainte budgétaire afin de remplacer sa valeur exprimée en fonction de dans la fonction d’utilité, qui ne dépendra plus désormais que de :
Nous pouvons voir graphiquement ci-dessous que la fonction d’utilité au sein de laquelle nous avons intégré la contrainte budgétaire, faisant disparaître au passage, atteint son apex au point . Le niveau d’utilité associé est de .
Exercice 3
Soit la fonction d’utilité d’un consommateur avec sa contrainte budgétaire ( : le revenu du consommateur, : le prix du bien 1, le prix du bien 2).
1) Définir et donner le
Le Taux Marginal de Substitution, ou , indique le nombre d’unités du bien 2 que le consommateur est prêt à échanger contre une unité du bien 1 de telle manière à ce que son niveau de satisfaction demeure inchangé.
Mathématiquement, le correspond à la dérivée d’une courbe d’indifférence à un point donné.
2) Donner les fonctions de demande du consommateur.
Les expressions obtenues pour et correspondent aux équations de demande. La quantité demandée de chaque bien ne dépend que du niveau de revenu du consommateur et du prix du bien concerné. Lorsqu’on augmente le niveau de revenu, la courbe de demande se déplace vers la droite, comme on peut le voir ci-dessous pour , et .
3) Soient , et . Donner les quantités consommées en bien 1 et en bien 2.
3) Représenter alors graphiquement la courbe d’indifférence, la droite de budget et l’équilibre (en prenant ).
Pour commencer, nous pouvons rapidement démontrer que la fonction d’utilité est une représentation équivalente des préférences de la personne décrite dans l’exercice. Une fonction d’utilité est représentative des préférences d’une personne si et seulement si est préféré à signifie que .
On dit d’une représentation qu’elle est équivalente si l’ordre des préférences sous-jacentes est maintenu après la transformation. Ainsi, pour que soit équivalente à , il faut que dès lors que .
On constate ici que le logarithme naturel de donne :
Or, la fonction logarithme naturel est monotone et croissante. Elle ne change pas l’ordre des préférences sous-jacentes. est donc bel et bien une représentation équivalente à .
Comme vous pouvez le constater, les équations de demande sont identiques à celles que nous avions obtenu avec la fonction d’utilité d’origine.
Exercice 4
1) Les fonctions suivantes présentent-elles des rendements d’échelle croissants, constants ou décroissants ?
2) Qu’arrive-t-il au produit marginal de chaque facteur lorsqu’on augmente l’utilisation de ce facteur, la quantité de l’autre facteur restant constante ?
On dit d’une fonction de production , où représente la main-d’œuvre et le capital, qu’elle est caractérisée par :
des rendements d’échelle croissants si (pour toute constante ) :
,
des rendements d’échelle constants si (pour toute constante ) :
(mathématiquement parlant, la fonction est homogène de de degré ),
des rendements d’échelle décroissants si (pour toute constante ) :
.
a)
En factorisant l’expression par , nous pouvons voir qu’elle est égale à . Les rendement d’échelle sont donc constants. Profitons toutefois de cette occasion pour explorer la capacité de SageMath à réaliser des opérations de logique formelle.
Les produits marginaux des facteurs de production sont constants et positifs dans le cas présent. Cela signifie qu’une augmentation du capital (de la main-dœuvre) d’une unité aboutira systématiquement à une augmentation de la quantité produite de 2 unités (3 unités).
b)
c)
d)
Exercice 5
La fonction de coût de court-terme d’une entreprise est donnée par où correspond au coût total et la quantité produite ; les deux étant mesurés en milliers.
1) Quel est le coût fixe de l’entreprise ?
2) Si l’entreprise produisait 10 unités d’un bien, quel serait son coût variable moyen ?
On constate que le coût variable moyen ne varie pas avec la quantité produite.
3) Quel serait son coût marginal ?
Le coût marginal correspond à la dérivée du coût total ou du coût variable par rapport à la quantité produite : ou
Le coût marginal est également constant. Chaque unité supplémentaire produite coûte 5 unités de prix.
4) Quel serait son coût fixe moyen ?
5) Supposez que l’entreprise emprunte de l’argent pour agrandir son usine. Son coût fixe augmente de , mais son coût moyen passe à pour unités. Le coût de l’intérêt () entre également dans l’équation. Chaque augmentation du taux d’intérêt d’un point de pourcentage augmente les coûts de . Déterminez la nouvelle équation de coût.
Le coût total dépend désormais de deux variables, la quantité produite et le taux d’intérêt. Le graphique ci-dessous représente le coût total (une surface plane) lorsque la quantité produite varie entre et unités et le taux d’intérêt entre et . La largeur de la boîte contenant le graphique correspond à l’axe du taux d’intérêt, la longueur correspond à l’axe du taux d’intérêt et la hauteur correspond à l’axe du coût total. Pour faciliter la compréhension du graphique, nous ajoutons une sphère rouge représentant le coût total lorsque et : .
Exercice 6
Imaginez que vous êtes le dirigeant d’une entreprise de poissonnerie qui opère sur un marché concurrentiel. Votre coût de production est où est le niveau de production et est le coût total.
1) Si le prix du kilo de poisson est de €, combien devriez-vous en pêcher pour maximiser votre profit ?
Nous aurions pu aboutir au même résultat à partir de la condition de premier ordre associée à la fonction de profit : .
Le graphique ci-dessous permet de comparer les deux méthodes qui sont fonctionnellement équivalentes :
Exercice 7
Supposez que le marché d’un bien puisse être décrit par les équations suivantes :
Demande : , où correspond au prix payé par les consommateurs et à la quantité demandée.
Offre : , où correspond au prix reçu par les producteurs et à la quantité “offerte”.
1) Quels sont les prix et la quantité d’équilibre ?
Les équations de demande et d’offre (quantité demandée/offerte exprimée en fonction du prix payé/reçu) correspondantes sont :
À l’équilibre, la quantité demandée est égale à la quantité offerte :
, où correspond à la quantité dans l’équilibre compétitif.
De plus, en l’absence de taxe, le prix payé par les consommateurs () correspond au prix reçu par les producteurs () :
, où correspond au prix associé à l’équilibre compétitif.
Nous avons donc :
On insère ensuite dans l’équation de demande ou dans l’équation de l’offre pour trouver la quantité d’équilibre . Le résultat sera le même dans les deux cas :
2) Représentez graphiquement l’équilibre compétitif.
3) Calculez le surplus des consommateurs (), le surplus des producteurs () et le surplus total : .
Le surplus des consommateurs () correspond à l’aire délimitée en haut par la courbe de demande et en bas par la ligne du prix. Le suplus des producteurs () correspond à l’aire délimitée en bas par la courbe d’offre et en haut par la ligne du prix.
On remarque que nous avons affaire à deux triangles. L’aire d’un triangle est donnée par la formule : , où correspond à la base du triangle et à sa hauteur. Nous avons donc :
Comme nous l’avons fait dans le cadre du calcul de perte de surplus (perte sèche) dans l’exercice 1, nous pouvons utiliser le concept d’intégrales pour déterminer le suplus total associé à l’équilibre compétitif. Vous remarquerez que l’aire de surplus total () correspond au triangle se situant entre la courbe de demande et la courbe d’offre, avec pour sommet le point d’équilibre .
L’intégrale de la courbe de demande évaluée entre et nous donne l’aire sous la courbe de demande entre ces deux points. Celle de la courbe de l’offre nous donne l’aire sous la courbe d’offre entre ces mêmes points. Il nous suffit donc de soustraire l’aire sous la courbe d’offre de l’aire sous la coubre de demande pour obtenir l’aire de notre surplus total.
Représentée ainsi, la courbe de demande a pour équation . Le surplus des consommateurs lorsque l’accès au parking est gratuit correspond aux aires . Le surplus des consommateurs lorsque le prix passe à P = 5 correspond à l’aire . On constate donc que la perte du surplus des consommateurs correspond à l’aire . Cette dernière correspond à l’intégrale de la fonction de demande évaluée entre euros et euros.
La primitive de l’équation de demande est :
, où est une contante.
On peut s’en assurer en calculant la dérivée de la primitive puisqu’on obtient alors :
.
Mathématiquement, nous avons donc :
euros.